vendredi 25 mars 2016

Histoire de l'informatique à l'Université de Nantes et à l'ENSM

"En 1955, Nantes n’a pas d’université mais une école d’ingénieurs, l’école nationale Supérieure de mécanique (ENSM), dépendant de la Faculté des Sciences de Rennes. L’un des deux professeurs de mathématiques de l’ENSM, Georges Brillouët, s’intéresse au calcul numérique en partie pour répondre aux besoins de la formation des ingénieurs. G. Brillouët est nommé professeur d’analyse numérique à la faculté de Rennes en 1959 et obtient la création d’un certificat d’analyse numérique en 1960. Parallèlement, l’ENSM cherche à s’équiper en moyens de calculs et reçoit en 1960 des crédits pour l’acquisition d’un IBM 650.
Paradoxalement, c’est l’ouverture en 1961 d’une Faculté des sciences à Nantes qui porte un coup d’arrêt au développement de l’informatique locale, car G. Brillouët en est nommé doyen : “Mes fonctions de Doyen d’une Faculté nouvelle ont alors pris le pas sur mes activités informatiques. Il fallait assurer les enseignements fondamentaux, et, ce qui compliquait les choses, il y avait à l’époque une sérieuse crise du recrutement : listes d’aptitudes presque vides, peu d’enthousiasme à venir jouer les pionniers, etc. ” (G. Brillouët).
À la suite de ce changement, c’est plutôt à Rennes que l’informatique se développe, nettement plus tard, sur la base des cours de calcul numérique. L’un des enseignants de mathématiques appliquées, Jean Céa, inaugure en 1969 un enseignement d’informatique avec l’aide de jeunes assistants et d’intervenants grenoblois. En 1970 s’ouvre une maîtrise d’informatique ; la petite équipe rennaise bénéficie de l’arrivée de 8 informaticiens dont 6 grenoblois sur des postes d’enseignement ou d’ingénieurs du centre de calcul. À partir de là, l’informatique connaît un essor rapide à Rennes, qui bénéficie par ailleurs de la décentralisation en Bretagne d’activités du CNET, puis de l’IRIA. L’actuel Institut de recherche en informatique et systèmes aléatoires (IRISA) rassemble actuellement 11% des chercheurs ou enseignants-chercheurs de la discipline intégrés dans une unité CNRS.
Nantes se spécialise plutôt en Automatique (renouvellement assez naturel de l’école de mécanique), autour de R. Menzecev dont l’équipe "Identification et optimalisation par voie hybride" est associée au CNRS en 1968."

extrait de
Les débuts de l’informatique dans les universités

Un moment de la différentiation géographique des pôles scientifiques français.

Revue Française de Sociologie XXXVI, n°2, pp.295-324

                                                                           Michel Grossetti, P. Mounier-Kuhn 

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